Le nouvel an est très souvent le moment des bonnes résolutions. Comme moi par le passé, peut-être en avez-vous fait un rituel et les inscrivez-vous sur une feuille blanche. Vous êtes-vous déjà demandé d’où viennent ces résolutions ?
Cette question peut paraître bizarre et sans doute aurez-vous envie de répondre qu’elles viennent de vous, tout simplement. Ce que j’entends par là est : de quelle partie de vous viennent-elles, voire même viennent-elles vraiment de vous ou d’injonctions extérieures (sociétales, parentales…) absorbées de façon consciente ou inconsciente ? A moins qu’elles émanent de l’idéal de vous-même projeté sur la toile d’un hypothétique futur…
Dans votre expérience, la vie obéit-elle à votre liste de courses ou à une commande passée depuis votre centre de contrôle ?
Dans la mienne, pas. J’ai envie d’ajouter : fort heureusement ! Car une commande ne débouchant pas sur une livraison, nous amène à nous interroger et sans doute à chercher ailleurs, plus loin, ou plus profond…
Les résolutions, produits de la volonté
D’après notre amie LaRousse 😉, une résolution est un « acte par lequel, après réflexion, on décide volontairement d’accomplir quelque chose ».
Dans cette famille des projections de la volonté sur le futur, on trouve également les buts et les objectifs.
Tout cela est très légitime et a certainement sa place dans certaines dimensions de l’individualité.
La Biodanza nous convie néanmoins à entrer dans une dimension moins logico-rationnelle et volontariste de notre potentiel créateur : elle nous invite à plonger dans le flux de la vie, à nous y fondre et à embrasser notre nature d’être créateurs et créatifs.
Car l’acte de vivre est par essence créateur : « Nous sommes tout à la fois le message, la créature et le créateur », nous rappelle Rolando Toro.
Biodanza et créativité
Rolando Toro pose que « La créativité fait partie intégrante des processus de transformation cosmique », que c’est une fonction naturelle du vivant en constante «genèse actuelle». En ce sens, la créativité humaine n’est que le prolongement de ces forces de transformation bio-cosmiques tendant à ordonner le chaos en un certain ordre ou «cosmos».
La Biodanza ayant pour objectif le déploiement et l’intégration de nos potentiels génétiques selon cinq lignes de vivencia, dont la créativité, il va donc de soi qu’elle vise une mise en action de notre créativité débouchant sur des résultats tangibles, à savoir :
- une reformulation de notre propre existence, où notre vie devient notre œuvre, où nous portons des fruits tant par ce que nous sommes que par ce que nous faisons, où faire et être se fondent en une même réalité. Cela implique presque toujours des changements radicaux du mode de vie.
La créativité suprême c’est donc bien l’auto-poïesis, l’acte de se mettre soi-même au monde dans la lumière. - l’élaboration créatrice : c’est l’étape où l’expression créative pleine et authentique culmine dans la création artistique.
Nos créations sont profondément vivantes et vivifiantes si elles émergent de notre immersion vivencielle dans le flux de la vie, à chacun instant neuf, à chaque instant porteur d’un sens en attente de révélation.
La créativité existentielle
La créativité est un fleuve qui prend sa source dans le chaos et qui forge son lit jour après jour, s’apaisant, s’élargissant, vivant… Son cours est imprévu, changeant, fluide, sinueux, mais déterminé. Un cours que nul ne peut arrêter.
Il en va de même avec notre puissance créatrice. Nul ne peut en arrêter le jaillissement ni le cours.
Notre première œuvre d’art, c’est notre propre existence, notre propre vie. Nous sommes les seuls à pouvoir nous créer, nous mettre au monde avec tout notre être, toutes nos potentialités.
Rêves, désirs, élans, aspirations…
La source du renouveau existentiel
Une évidence s’impose à moi, à force de vivre, de danser, de créer : la source de tout ce que je fais pour faire sens dans ma vie, la source du renouvellement existentiel qui me fait me sentir vivante et créative, ce ne sont pas les résolutions que je prends.
Ce sont davantage les désirs, les élans et impulsions qui, telles des étoiles dans mon ventre, éclairent la nuit de mon inertie et m’invitent à me mettre en marche…
Ce sont les appels que j’entends résonner dans le silence de mon cœur, les aspirations de l’âme qui m’aspirent dans leurs galaxies tournoyantes…
Ce sont les rêves qui m’habitaient enfant, et qui reviennent me visiter au détour d’un poème ou d’une partie de cache-cache avec le destin…
Et puisque nous parlons de rêves et que nous sommes en Belgique, je ne peux résister à l’envie de vous partager le texte intégral du grand Jacques sur l’importance de rêver. C’était ce qu’il nous souhaitait le 1er janvier 1968. Les rêves ne vieillissent pas …
Peindre un tableau sur de l’eau
Que se passerait-il si, à l’aube d’une année nouvelle, j’avais l’audace, au moment même où je rédige ma liste de courses existentielles pour le Père Noël, de poser mon stylo et d’écouter ce qui gratte à la porte ?
Ou —c’est pareil— de sentir ce qui germe en moi ?
En d’autres mots, plutôt que de m’inventer de toutes pièces l’histoire d’une année idéale, plutôt que de vouloir forcer la vie à rentrer dans mes cases, que se passerait-il si je me rendais disponible pour ce qui veut me rencontrer ?
Plutôt que de partir de ce qui me manque, me fait défaut —ou que je perçois comme tel, je pourrais partir de ce que je pressens, de ce qui veut venir à moi autant que je veux aller à lui. Ce peut être un doux pressentiment, un embryon de rêve, une étincelle de joie… Si je me rends disponible pour cela, si je le laisse grandir et s’exprimer, il peut en naître une abondance, un enthousiasme !
Me reste alors à monter dans la barque de cet enthousiasme, de cette joie, de cette abondance, et à lui permettre d’inspirer mes projets, mes actions.
Dans le premier cas de figure, je tente de peindre la toile de ma nouvelle année sur l’eau du fleuve, en espérant qu’elle reste indemne 365 jours durant.
Dans le second cas, je me laisse porter sur le fleuve dans la barque de ce qui m’appelle, m’inspire, me comble, et je danse ma descente du fleuve, en admirant le tableau mouvant, en perpétuelle re-création, de l’eau et du paysage alentour.
Le rêve de Rolando Toro
Je terminerai, en hommage au créateur de la Biodanza, par les mots qui disent le rêve ayant inspiré, année après année, toute son existence :
« Je rêve d’une humanité qui s’étreint, qui s’embrasse avec joie de vivre, où la solitude n’existe pas en tant que sentiment, où chacun reconnaît la sacralité de l’autre.
Un monde où pouvoir se connecter à travers le regard, l’étreinte et le mouvement naturel ; déjà que le corps parle de manière plus éloquente que les mots. Et je sais que cela est possible, il est juste nécessaire que ce ne soit pas le rêve d’une seule personne mais une vision de beaucoup. »
Rolando Toro Araneda
Merci pour ses beaux messages si juste , si vivant ! Sentir , ressentir ,´ pressentir et écouter la voie du cœur nous mène vers la
bienveillance envers nous mêmes et un sentiment de joie et d’enthousiasme qui nous donne l’élan de ……..