Fourmis entraide et solidarité

Entraide et solidarité : et si l’homme cessait d’être un loup pour l’homme?


Si, comme la majeure partie de la population, tu es convaincu.e que « L’homme est un loup pour l’homme » (Plaute, 195 av. JC), que la vie est une jungle dans laquelle nous ne devons notre survie qu’au fait d’avoir triomphé de nos ennemis, alors tu t’inscris dans le narratif dominant depuis Darwin, lié à la survie du plus apte (survival of the fittest).

Changer de paradigme

Or, nul besoin d’insister lourdement. Tu sais, je sais, nous savons aujourd’hui que nous voyons ce que nous croyons, càd que nous créons notre monde sur la base de notre système de croyances. Si nous n’aimons pas le monde que nous regardons en 2022, et que nous avons envie de créer un « nôtre monde » nouveau, alors la voie que je vois 😉 passera forcément par le changement ou l’élargissement de nos croyances. Cela s’appelle un nouveau paradigme.

Un livre phare

Ce qui m’a amenée à remettre en question ces croyances, outre mon parcours de Biodanza 😊, c’est la lecture d’un livre remarquable (dont j’ai tiré un titre de vivencia) de Pablo Servigne et Gauthier Chapelle : « L’entraide : l’autre loi de la jungle »¹ .

Si tu veux le lire et que la biologie et l’écologie sont tes dadas, alors go ! Je suis sûre que tu vas faire des yeux ronds tout le long de ta lecture, tant les auteurs, tous deux scientifiques, décoiffent nos a priori sur la survie et la guerre de tous contre tous.

Si tu as tout juste 15 minutes à y consacrer, alors je t’invite plutôt à regarder cette conférence passionnante de Pablo.

Et si tu as 5 minutes de plus, alors regarde ce petit reportage sur l’empathie chez les enfants et les animaux.

L’empathie, source naturelle d’entraide et solidarité

Car oui, le cœur vibrant de la solidarité, son réseau racinaire, c’est l’empathie.

Or, l’être humain a une capacité d’empathie affective naturelle, doublée d’un développement cognitif lui permettant de comprendre mentalement ce que vit son semblable. Il est donc devenu une espèce ultra-sociale, capable de mettre en place des réseaux d’entraide gigantesques… Et malheureusement aussi capable de s’inventer des histoires de guerre et de s’en servir pour justifier des actes abominables.

Résider dans sa tête ou dans son cœur?

Car nombreux sont les humains qui ont élu domicile dans leur tête et déserté leurs cœurs et leurs instincts (« gut feelings », disent les anglophones : les émotions des tripes).

Oiseaux migrateurs solidaritéLa nature, pour les chercheurs sincères, nous ouvre l’esprit et la voie. Certes il y a de nombreuses formes de compétition entre espèces et entre individus, mais il y a autant de formes de coopération. Entre fourmis, entre les pins et les sapins des Rocheuses, entre les arbres et les réseaux souterrains de champignons, ce n’est que services donnés et rendus en tous sens.

Tout comme le vivant au sens large est une « inextricable pelote d’interdépendance »¹, les humains sont aussi câblés pour coopérer, et obéissent à cette « triple obligation de ’donner-recevoir-rendre’ »¹.

La compétition est un luxe de riches

Nos cerveaux sont câblés pour la collaboration, pour entrer en résonance avec les émotions d’autrui. Et cette entraide, cet altruisme se développent d’autant plus qu’ils sont encouragés par l’éducation d’une part. D’autre part ils ont tendance à diminuer en période d’abondance et à augmenter significativement en période de crise et en milieu hostile (pauvreté des ressources).

Comme le dit Pablo Servigne : « La compétition et l’égoïsme, c’est un luxe de riches. »

Oui, l’entraide est une source insatiable d’innovation et d’évolution : les organismes qui survivent le mieux aux conditions difficiles ne sont en effet pas les plus forts mais ceux qui parviennent à coopérer.

L’idéologie dominante, ultralibérale et capitaliste, a pu nous convaincre du contraire, mais pas éradiquer en nous les sources naturelles de l’altruisme, de la bonté, de la coopération.

Dernier détail de taille en ce qui concerne les groupes d’humains : trois ingrédients sont nécessaires pour favoriser l’entraide et la solidarité en leur sein, à savoir le sentiment de sécurité, le sentiment d’égalité et le sentiment de confiance. Petite parenthèse orientée : la Biodanza œuvre à permettre à ces sentiments de se déployer au sein du cercle.

Entraide entre humains

Nouveau regard, nouvel espoir

Je ne sais pas toi, mais moi cela me rend heureuse de redécouvrir et de me souvenir que l’humain est capable de bonté, d’empathie, de fraternité. Et que cette interdépendance assumée entre nous et avec tout le vivant est source d’expansion et d’ouverture vers des cercles de plus en plus larges, au service de l’évolution et de la Vie !

Cela me rend aussi l’espoir que je me laisse parfois voler par la crise systémique actuelle. Le climat hostile et les conditions de vie difficiles, plutôt que renforcer l’égoïsme et la rivalité, viennent nourrir en nous des fleuves d’empathie, de solidarité. Wow!

Pina Bausch disait « Dansez, dansez, sinon nous sommes perdus ! »

Nous pourrions ajouter, en nous lançant dans la danse : « Entraidons-nous, entraidons-nous, sinon nous sommes perdus ! ».

Disons-nous au revoir avec ce magnifique résumé plein de perspectives futures que nous livre Pablo –encore lui :

« En baignant dans le mythe d’une nature agressive et compétitive, nous nous sommes battus sur le terrain imaginaire adverse. Or, nous savons désormais que compétition et coopération sont des forces antagonistes très puissantes qui coexistent à tous les niveaux du vivant.

En observant le monde vivant sans œillères, nous pouvons commencer à faire le deuil du mythe d’un état de nature en guerre permanente de tous contre tous, d’un combat de gladiateurs quotidien où on ne se fait pas de quartier. Voici donc la première étape pour décloisonner notre imaginaire, pour le décomplexer et lui redonner confiance dans sa capacité à faire germer la coopération.

Nous pouvons enfin, grâce aux découvertes de la science des dernières décennies, nous inspirer à nouveau du monde vivant pour innover. Ainsi, l’agroécologie, la permaculture et plus largement le biomimétisme ont pris racine dans cet incroyable réservoir de soutenabilité et de coopération qu’est la vie. Elles se sont ainsi rendu compte qu’en appliquant les principes du vivant – et en particulier la coopération– au fonctionnement de nos organisations, ces dernières se portaient beaucoup mieux, prenant ainsi soin des personnes qui y travaillent. » 

 

¹ L’entraide: L’autre loi de la jungle,  de Pablo Servigne  (Auteur), Gauthier Chapelle  (Auteur), 11 octobre 2017, Editions Les Liens qui Libèrent

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