Préambule sur les archétypes en Biodanza
L’archétype (littéralement « modèle ancien, des origines ») est une force ancestrale impersonnelle jaillissant directement de la nappe phréatique profonde de notre psychisme, l’inconscient collectif. Son pouvoir mobilisateur s’exprime notamment à travers les mythes, où il est coloré selon les filtres d’une culture donnée, et à travers les symboles des rêves, soumis cette fois aux filtres personnels et biographiques de l’individu. Quand nous approchons les archétypes en Biodanza, nous faisons le pari un peu fou de remonter à leur source, en amont des filtres culturels et individuels, en incorporant leurs qualités viscérales, de mouvement, en nous ouvrant aux sensations et émotions dont ils sont porteurs. Leur puissance de transformation peut ainsi être mobilisée au service du réveil et du plein déploiement des potentialités originelles de chacun·e.
Nous ne dansons pas pour imiter les images constellées par ces archétypes (on tomberait alors dans le stéréotype !), mais tout au contraire, pour leur permettre de nous révéler à nous-mêmes dans toutes les facettes de notre identité. Les archétypes sont ainsi de puissants alliés dans le « réapprentissage des fonctions originaires de la vie » (extrait de la définition de la Biodanza), ces forces vitales naturelles au service de la vie, que le conditionnement sociétal et / ou le dressage éducatif ont participé à réprimer, dénaturer, voire pervertir.
Ce poème est issu de vivencias profondes vécues en tant que participante au module de formation « Antécédents mythiques et philosophiques de la Biodanza ». Il n’a aucune vocation didactique et est partagé ici à titre personnel, non en tant que facilitatrice.
Nous, les Dieux…
…sommes nés du chaos
Et de votre désir mégalo
De sonder l’insondable
D’expliquer l’inexplicable :
le mystérieux mystère
de l’humain
et de l’univers
de l’humaine impuissance face aux grandeurs et terreurs du cosmos…
Vous, les hommes…
…êtes nés du hasard
Et de notre bon vouloir.
Vous nous devez tout
Vos amours, votre mort
La lumière et la nuit
Gaïa qui vous nourrit
Le ciel et les montagnes
Le temps qui passe, l’éternité
Les moissons, le foyer
Le mariage comme la guerre.
Pas de beauté sans Apollon
Ni de sagesse sans Athéna
Sans Hermès, jamais vous n’auriez fait commerce
Et sans les muses, l’art et la science n’auraient point vu le jour.
Tandis que vous, simples mortels
Vous lamentez du geste funeste de Pandore
Redoutez les foudres de Zeus
Et tremblez devant les ciseaux des Parques,
Nous, les immortels
Las de nous ennuyer au sommet de l’Olympe
Inventons des jeux redoutables
d’irascibilité
de discordes terribles
de vengeances fatales
d’amours tumultueuses.
Et nous vous regardons
Rampantes créatures frappées d’une étrange amnésie
Oublieuses de votre nature profonde
En tout point ressemblante à la nôtre
Votre destin n’est-il pas aussi grandiose
Votre âme aussi tortueuse que la nôtre ?
Cette Harmonie que vous convoitez tant
Avec force rêveries et autres mièvreries
Combien d’entre vous se souviennent-ils
Qu’elle est fruit de l’union
D’Arès et d’Aphrodite
De la guerre virile et de l’amour féminissime ?
Vous avez déserté le chemin de l’école
Qu’étaient vos mythes et vos symboles
Nous reléguant au rang de simples figurants
D’un panthéon désuet, inutile et charmant.
Réveillez-vous et ressuscitez-nous !
Nous sommes vos dieux et vos démons
personnifiés
interpellants
déflagrateurs.
Vous aviez avalé la clef
Recrachez-la
Rendez-la nous
Comme dirait Facebook: « J’aime » … et tellement plus. Hommage à la déesse qui partage un chemin de vie avec l’homme que je suis, ses éclairs, ses forces, ses faiblesses.