« Et tant que tu ne comprendras rien Au sens des mots : Meurs et Deviens Tu seras un obscur passager Sur cette terre enténébrée. »
C’est sur ces mots que le grand Goethe termine son magnifique poème « Nostalgie Bienheureuse ».
Il ne fut pas le seul sage à le dire: s’il suffit à notre corps physique de naître une seule fois, les autres dimensions de notre être -coeur, âme, esprit…- sont appelés à naître maintes fois dans l’espace-temps d’une existence.
Or, pas de naissance à un état sans mort à un autre état, le bébé qui naît à notre monde meurt au monde intra-utérin, …
Dans « naître » résonne « être »…
L’être que nous sommes en vérité subit de nombreuses transformation (changements de formes) et reste néanmoins l’être. C’est le paradoxe de l’identité: une part change en permanence, mais si la totalité changeait en permanence nous ne saurions même pas que nous changeons. Il faut un point immobile d’où le mouvement est perçu. Seule la stabilité peut percevoir l’instable.
Ren-être, c’est peut-être accepter de mourir à tout ce que nous croyons de nous et de la vie, et surtout à ce que nous pensons SAVOIR de nous et de la vie… Pour émerger frais et neuf à l’inconnu de chaque instant, à l’inédit de chaque inspiration.
À force de renaître
Auréolé de rêve
À force de s’émouvoir
Au passage du désir
À force de s’animer
Aux couleurs de la vie
L’amour se perpétue
Dans l’être
Et l’infini.
Rythmes – L’Amour
Andrée Chédid